vendredi 23 juin 2017

La compression médicale dans le traitement du lymphoedème


La compression médicale dans le traitement du lymphœdème - Fiche BUTS

Date de validation
décembre 2010
Le lymphœdème peut entraîner un handicap fonctionnel important et une altération marquée de la qualité de vie. Il est essentiel de la diagnostiquer et de le prendre en charge au plus tôt afin de ne pas le laisser s’installer.
Avec les mesures hygiéno-diététiques, la compression est un élément clé du traitement. Le traitement compressif utilise principalement des bandes, des bas ou des manchons, parfois des vêtements compressifs. Ces dispositifs ont fait l’objet d’une évaluation par la HAS.
Quelle que soit la localisation du lymphœdème, la thérapie décongestive se déroule en deux phases : réduction du volume puis phase de maintien.
Cette fiche présente de manière synthétique les indications des différents dispositifs, ainsi que leurs contre-indications.


Le lymphœdème est dû à un dysfonctionnement du système lymphatique entr- nant une augmentation de volume d’un ou plusieurs membres et/ou des organes génitaux externes. Avec les mesures hygiéno-diététiques, la compression est un élément clé du traitement. Les dispositifs utilisés (bandes, bas et manchons) ont fait l’objet d’une évaluation par la HAS.


Causes et complications du lymphœdème
Les causes des troubles lymphatiques responsables du lymphœdème sont variées :
la grande majorité des lymphœdèmes sont secondaires à une atteinte du système lymphatique gênant la circulation : cancer, chirurgie, radiothérapie, curiethérapie, traumatisme, filariose lymphatique ;
le cancer du sein et son traitement représentent la cause principale des lymphœdèmes du membre supérieur ;
les lymphœdèmes primaires relèvent d’une anomalie constitutive sans cause connue. Ils peuvent toucher un seul ou les deux membres inférieurs. Ils sont isolés et sporadiques, mais il existe de rares formes familiales.

   • Le lipœdème (dû à une obésité) et l’œdème provoqué par une insuffisance veineuse ne sont pas des lymphœdèmes à proprement parler.

   • Le lymphœdème peut entraîner un handicap fonctionnel important  et une  altération marquée de la qualité  de vie. Il peut se compliquer, notamment d’érysipèle.

   • Il ne faut pas laisser le lymphœdème s’installer. Il est essentiel de le diagnostiquer et de le prendre en charge au plus tôt.

Les mesures hygiéno-diététiques sont capitales
Elles sont toujours associées à la compression médicale
Il s’agit notamment de mesures de prévention de l’aggravation ou des complications du lymphœdème :
précautions contre les portes d’entrée infectieuses (mycoses interdigitales) ;
soins de la peau  et des phanères ;
gymnastique et mobilisation douce ;
réduction du poids en cas de surpoids ;
éventuellement drainage lymphatique manuel.
   • Les mesures hygiéno-diététiques et la compression nécessitent une éducation du patient par chacun des intervenants.

Les dispositifs de traitement compressif

Le traitement compressif utilise principalement des bandes, des bas ou des manchons :
les bandes sont préférables dans les utilisations de courte durée  (quelques jours à quelques semaines) ;
Dans cette indication, il peut s’agir de bandes ches inélastiques (< 10 % d’allongement)
ou de bandes ches à allongement court (10 à 100 %),
La réalisation du bandage peut demander l’utilisation de bandes de maintien et/ou de dispositifs de capitonnage (mousse, coussins, ouate) pour protéger la peau et pour uniformiser la pression (ou, en cas de méplat, pour augmenter la pression locale).

les bas (chaussettes, bas-cuisse, collants) ou les manchons sont mieux adaptés à une utilisation à long  terme  ;
Il n’y a pas de différence d’efficacité démontrée entre les différents types de bas,
Lobtention d’une pression efficace peut exiger la superposition de plusieurs bas
ou l’utilisation d’un enfile-bas.


Des vêtements compressifs (panty) peuvent être utilisés dans certaines indications.

Les bandes adhésives ou cohésives, les bandes enduites, les bandes ches à allongement long (> 100 %) et les bandages multitypes commercialisés en kit ne  sont pas indiqués dans le traitement du lymphœdème.

La compression est un élément c du traitement
Elle est toujours associée aux règles hygiéno-diététiques.

La thérapie  décongestive se déroule  en  deux  phases : une phase de réduction du volume et une phase de maintien.

Lymphœdème du membre supérieur
Phase de réduction du volume
Au moins 5 jours par semaine pendant
1 à 6 semaines
bandes ches à allongement court ou inélastiques et dispositifs de capitonnage (manchon en deuxième intention)
utiliser la pression maximale tolérée
Phase de maintien
Traitement au long cours avec réévaluation régulière du rapport bénéfices/risques
manchon de 15 à 20, 20 à 36 ou > 36 mmHg (bandes ches éventuellement*)
utiliser la pression maximale tolérée

Préférer  un manchon avec main  attenante (si cela est compatible avec l’activité quotidienne).

*    Bandes ches en deuxième intention ou, si besoin, en complément du manchon, pour des bandages nocturnes.


Lymphœdème du membre inférieur
Phase de réduction du volume
Au moins 5 jours par semaine pendant
1 à 6 semaines
bandes ches à allongement cour t ou inélastiques et dispositifs de capitonnage (chaussettes, bas-cuisse, collants ou hémicollants, en deuxième intention)
utiliser la pression maximale tolérée
Phase de maintien
Traitement au long cours avec réévaluation régulière du rapport bénéfices/risques
chaussettes,   bas-cuisse,   collants   ou hémicollants de 20 à 36 ou > 36 mmHg (bandes ches éventuellement*)
utiliser  la  pression  maximale  tolérée : au moins 45 mmHg si possible ventuellement     par     superposition)

Le choix entre  les différents types de bas (chaussettes, bas-cuisse, collants, hémi- collants) est fonction de la localisation du lymphœdème.

*   Bandes ches en deuxième intention ou, si besoin, en complément du bas, pour des bandages nocturnes.



Certains lymphœdèmes peuvent nécessiter l’utilisation de vêtements compressifs (panty) :
lymphœdèmes proximaux, pubiens ou sus-pubiens, ou touchant la région fessière ;

lymphœdèmes chez les patients obèses ;

lymphœdèmes et malformations vasculaires de l’enfant (où l’on peut aussi utiliser des bandes inélastiques ou à allongement court).

Contre-indications de la compression médicale

Les contre-indications absolues de la compression médicale sont :
lartériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) avec indice de pression systolique (IPS) < 0,6 ;

la microangiopathie diabétique évoluée (pour une compression > 30 mmHg) ;

la phlegmatia rulea dolens (phlébite bleue douloureuse avec compression artérielle)

la thrombose septique.

Une réévaluation régulière du rapport bénéfice/risque s’impose en cas de :
AOMI avec IPS entre 0,6 et 0,9 ;

neuropathie périphérique évoluée ;

dermatose suintante ou eczématisée ;

intolérance aux fibres utilisées.



La HAS a mené cette évaluation à partir de l’analyse des données scientifiques identifiées par une revue détaillée de la littérature, de l’étude des données fournies par les fabricants et de l’avis d’un groupe de professionnels constitué de médecins praticiens généralistes et spécialistes ainsi que d’orthésistes.

À la date d'élaboration de ce document, les modifications proposées par la HAS ne figurent pas sur la liste des produits et prestations remboursables. Par ailleurs, ces propositions sont susceptibles d'évoluer en fonction de données nouvelles que la HAS pourrait être amenée à examiner.



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